Pierre Lune poésies symboliques

Prophétie

Lorsque disparaîtront les goélands des cieux,

Aussi les plumes noires figées dans l'encrier,

Sombreront oubliés les poètes précieux,

Arlequins pacotilles, pauvres fous décriés.

Ainsi ces Pierrots en leurs fraises défraîchies,

Périront les yeux ronds grands ouverts,

Leur bouche étonnée et les membres avachis,

Ils pleureront des larmes blanches bien amères.

Déferleront alors les plats grêlons memo-numérisés,

Le tricot des écrans piègera les pauvres extra-débiles,

Dans ce lacis invisible écrits et vers seront paupérisés,

Et nos cervelles jadis étoilées, deviendront des sébiles.

De la boîte à Pandore sortiront les mots électroniques,

Libérant tous les maux tous les vices de la terre,

Les facteurs remiseront leurs vélos anachroniques,

Le flot des tentations causera mille misères délétères.

Viendra finalement le dernier jour déliquescent,

Notre flambant Soleil s'éteindra plus d'courant...

Resteront encore quelques astres évanescents,

Puis notre globe glacé éclatera avec ses cobélligérants.

Et pendant que j'écris sous la Lune impassible,

Le signe prophétique se dessine en stigmates infectieux,

La terre meurt égorgée, exsangue des hommes irrémissibles,

L'argile du Grand Potier se durcit sous la voûte des Cieux.

Pierre Lune. Extrait de mon recueil poésies anachroniques.