Pierre Lune poésies symboliques

Je suis né dans une ville ouvrière du centre de la France. Depuis vingt ans j'habite entre les brumes mystérieuses de la Sologne et les côteaux verdoyants du Sancerrois.

Ancien régisseur d'un musée des Traditions de France voué au xix ième siècle, j'ai l'âge des feuilles moitié vertes moitié rousses. Je suis grand-père de six petits enfants hélas! je les vois  si peu.

Je n'ai connu que la maladie, les échecs, les impasses, une vie affective compliquée  "   et l'inconsolation de Dieu".

Ma passion bien évidemment c'est la poésie et j'admire Jules Laforgue, ce génie des vers libres si peu connu.

Selon moi Jules Laforgue a "enlevé l'amidon des cols de chemises empesés de la vieille poésie".

Comme mon ami Jules, je considère les préocupations quotidiennes, ces mille misères de tout un chacun, comme insignifantes et ridicules face à l'indifférence de l'univers. Celui-ci n'a pas besoin de nous autres pauvres humains pour poursuivre son chemin absurde de morts et de renaissances...

Jules Laforgue avait eu dans sa jeunesse une solide éducation religieuse.

Mais il s'en détourna certainement à cause de la rigidité de l'école privée qu'il fréquentait.( N'écrivait-il pas« Vive l'éternullité... » )

Moi-même issu d'une mère catholique, je reste partagé entre la colère de "subir" les conséquences du péché d'Adam selon l'église de Rome et l'existence réelle d'un Dieu d'amour... En effet un enfant doit-il endosser les erreurs de ses parents... Pourtant malgré ces pensées négatives j'ai failli devenir oblat de la communauté St Jean.

J'occupe mes loisirs entre lectures, écriture, longues ballades avec mon chien, le long d'un canal nommé " le sauveur de la Sologne". Je passe souvent devant un magnifique château de briques roses et  je me dis... Qui suis-je? En regardant la Lune qui embrasse depuis la nuit des temps toutes les interrogations de l'homme.

Vous avez deviné... Je suis un Pierrot Lunaire.

Rajout ce 27 février

J'ai oublié de vous dire... Je suis né "mort né" c'est à dire cyanosé et en 1950... Les mamans à cette époque accouchaient à domicile. Sur mon carnet de santé il est mentionné" N'a pas crié". Alors aujourdh'ui "je crie mon mal être" dans ma poésie souvent décadente, quelquefois à l'humour macabre mais aussi souriante... Comme celle de mon ami Jules.

C'est sans doute pour cela que comme l' ami poète "je nage  dans le bleu" loin des préocupations  quotidiennes...

Néanmoins Jules Laforgue faisait encore des projets alors qu'il ne lui restait plus qu'une semaine à vivre. En effet il projetait de prendre des vacances dans une maison de repos à Versailles avec son épouse...

Comme quoi on peut être pessimiste, avoir perdu la foi, mais toutefois en même temps continuer de vivre sa vie comme si de rien n'était... Notre force à nous autres Pierrots, c'est d'avoir conscience que nous comptons pour rien face au gigantesque univers...

La Lune continue sa course, les planètes et les galaxies poursuivent leurs courses folles, les mondes meurent puis renaissent... Et nous tentons inutilement d'avancer des explications quant au but de ces choses... Sans doute afin de nous rassurer...